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Pourquoi j’ai créé Libel’Up ? Quentin BRASSART

Découvrez l'interview de Quentin Brassart, Fondateur de Libel'Up
25 novembre 2025 par
Pourquoi j’ai créé Libel’Up ? Quentin BRASSART
Libel'Up par REUMED, Joséphine DEVIENNE
Pouvez-vous nous parler de Libel’Up ? Quelle est la mission de l’entreprise et quels services ou produits proposez-vous ?

Libel’Up est le premier acteur du réemploi de matériel médical, avec et pour les professionnels de santé. Le constat est clair : chaque année, 20 millions d’équipements médicaux sont mis au rebut, dont plus d’un tiers est encore en parfait état. Face à cette situation, nous avons initié ce projet pour instaurer une boucle d’économie circulaire. Notre objectif est triple : réduire les déchets, créer des emplois locaux et générer un impact écologique positif dans le monde de la santé.

Comment est née l’idée de créer Libel’Up ? Quelle a été votre inspiration ou motivation pour lancer cette entreprise ?

Originaire du Nord-Pas-de-Calais, j’ai suivi un parcours généraliste d’ingénieur à l’Icam de Lille avant de rejoindre de grands groupes industriels. Mon dernier poste était au sein d’un leader de la prestation de santé à domicile, où je dirigeais une équipe dédiée au reconditionnement des dispositifs médicaux respiratoires, perfusatoires entre deux patients.

En 2022, j’ai décidé de quitter le salariat pour lancer un projet visant à créer de l’emploi local tout en réduisant les déchets et en contribuant à la préservation de la planète. C’est à ce moment que j’ai été mis en contact avec Eurasanté, qui avait initié l’expérimentation Libel’Up et cherchait un repreneur.

En tant que PDG, quels sont vos principaux défis et comment les relevez-vous ?

Reprendre un projet comme Libel’Up pour lui donner une dimension entrepreneuriale et un véritable potentiel de développement est un défi de taille. Chaque jour, nous devons convaincre les professionnels de santé de nous faire confiance pour changer leurs habitudes d’achats. Nous devons également organiser une chaîne logistique complexe pour collecter, remettre en état et redistribuer le matériel, tout en maintenant des coûts de vente compétitifs par rapport au matériel neuf.

Aligner ces objectifs avec une réalité politique et économique incertaine est un challenge constant. Heureusement les retours des personnes qui découvrent le projet sont encourageants. Nos utilisateurs sont surpris de la qualité du matériel et se font bien souvent les ambassadeurs de Libel’Up car nous réduisons le problème des déchets et du porte monnaie !

Quels sont les projets ou réalisations récents de Libel’Up dont vous êtes particulièrement fier ?

L’élément le plus marquant de cette première année d’activité a été l’embauche de notre premier collaborateur, Andre. Issu d’un parcours d’insertion chez Vit’Inser lors de l’expérimentation Libel’Up, nous avons pu lui proposer rapidement un emploi à temps plein dans la société. 

En parallèle, nous avons réussi à structurer une offre réelle et sérieuse, convainquant les professionnels de santé de nous faire confiance. C’est une étape importante, mais il est désormais crucial d’augmenter le nombre de matériel sauvé. En effet, le projet Libel’Up ne peut fonctionner durablement qu’avec des volumes à traiter suffisamment conséquents.

Quels sont vos clients type ?

Nous avons choisi, avec Libel’Up, de ne pas être en contact direct avec les utilisateurs finaux, c’est-à-dire les particuliers. Nos clients sont donc de deux types :

  1. Les établissements de santé : hôpitaux, cliniques, centres de rééducation, EHPAD, MAS, FAM, etc.
  2. Les distributeurs de matériel médical (PSDM) : qui se chargent de la location ou de la vente de matériel aux professionnels. Il est important de noter que le matériel destiné aux particuliers ne peut pas être vendu, car il n’est pas remboursé.

De plus, depuis le début du projet, nous avons une activité associative qui, grâce au soutien de divers fonds de solidarité, permet d’offrir du matériel médical gratuitement à des personnes qui doivent renoncer à son utilisation faute de moyens.

Comment voyez-vous l’avenir de Libel’Up dans les prochaines années ? Quels sont vos objectifs à long terme ?

Le premier objectif de Libel’Up est de démontrer, dans la région des Hauts-de-France, notre capacité à instaurer une boucle d’économie circulaire dans le secteur de la santé. Cette initiative vise à créer de l’emploi local, à avoir un impact écologique positif et à satisfaire les professionnels de santé grâce aux économies réalisées avec du matériel de seconde main de qualité.

Pour vous donner un ordre de grandeur, si on collectait les 2 millions d’équipements qui partent à la poubelle chaque année, on pourrait créer plus de 600 emplois dans les Hauts-de-France. 

Une fois cet objectif atteint, nous souhaitons convaincre les décideurs politiques de rembourser le matériel médical remis en bon état d’usage.

Actuellement, la Sécurité sociale ne prend en charge que du matériel neuf. 

Nous prévoyons également l’ouverture de nouveaux centres Libel’Up dans d’autres régions de France, afin de permettre au système de santé national de s’orienter vers plus de durabilité.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans le même secteur que Libel’Up ?

Je conseillerais aux entrepreneurs souhaitant se lancer dans le même secteur que Libel’Up d’adopter une approche pragmatique. Il est essentiel de démontrer concrètement, sur le terrain, les possibilités et les avantages de vos solutions. Les changements d’habitudes, comme ceux que nous promouvons, doivent être illustrés par des exemples tangibles pour convaincre vos clients et partenaires.

De plus, il est crucial de mettre en avant les bénéfices écologiques et sociaux de vos actions. Cependant, il est important de les intégrer dans une réalité économique et pratique, qui ne doit pas être négligée.


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